Esquisse des dessous d'une jacobite

Les dessous féminins ont pour but de sculpter la silhouette en affinant la taille mais surtout en élargissant les hanches afin de tailler le buste en forme de V. Cette transformation corporelle à l’aide d’artifices apparaît dès la Renaissance et voit son apogée au XVIIIème siècle.

Il existe de nombreux vêtements et accessoires pouvant habiller le corps de la femme, en voici quelques uns.

La chemise

La chemise, longue jusqu’aux genoux, a des manches qui arrivent au niveau des coudes. Son col est échancré pour s’ajuster aux cols des robes qui dévoilent une partie de la poitrine. Faite à partir de lin, la chemise a une couleur qui s’approche le plus possible du blanc. En effet, c’est au XVIIIème siècle que la peur de l’eau devient un phénomène très répandu, des dessous immaculés est alors gage de propreté corporelle aux yeux des autres.

Toutes les classes sociales portent ce vêtement, néanmoins les femmes qui peuvent se le permettre rajoutent aisément un peu de dentelle au niveau du col et des manches.

Volants de dentelles chemise
Volants de dentelles chemise
chemise XVIIIème
chemise XVIIIème
Chemise de Marie-Antoinette pendant sa détention
Chemise de Marie-Antoinette pendant sa détention

Le stays

Ce type de corset est constitué de huit pièces distinctes, ainsi qu’une pièce d’estomac. Le stays est généralement réalisé en toile de lin, mais parfois, à la demande des ladies les plus fortunées il est recouvert de soie. Des baleines viennent rigidifier sa structure, on trouve notamment trace de l’usage de roseau, mais également d’autres matériaux, comme des fanons (d’où le terme de « baleines »), ou encore de cordons de chanvre ou de chaume. Afin de donner le plus d’élégance possible au corps, le stays est réglable à l’aide d’un laçage à l’arrière et à l’avant mais aussi au niveau des épaules.

Plus d’infos sur le corset au XVIIIème siècle de ce côté-ci.

stays 1730
stays 1730
1730-1740 corps en soie
1730-1740 corps en soie

Le jumps

Jumps, soie, England, 1745, Victoria and Albert museum de Londres

Signifiant littéralement « rehausseurs », le Jumps était à l’origine porté par les travailleuses et ne comportait que quelques baleines (environ quatre), voire aucune.

Le laçage se fait à l’avant, car cela permettait de pouvoir le mettre seule sans l’aide d’une femme de chambre.

Les artifices pour amplifier les hanches

Le bum roll

Comme son nom l’indique, il s’agit d’un coussin qui souligne le fessier des femmes. Il forme une demi-lune autour des hanches et le haut des fesses, et vient se nouer au niveau du ventre. Les dimensions de ce « faux-cul » peuvent varier en fonction des goûts et de la silhouette de la porteuse. La matière utilisée reste systématiquement du lin. Plus tard, au XIXème siècle, apparaîtront des coussins rectangulaires et des structures solide en tiges métalliques qui remplissaient la même fonction.

Paniers (ou Hoop petticoat)

Le terme panier fait référence aux bagages en osier portés par les ânes.

Apparus en Angleterre au début du XVIIIème siècle, autour de 1710, les paniers poches viennent remplacer les paniers larges et les vertugadins d’origine espagnols qui sculptaient le corps de la femme comme un sablier. Les années 1740 voient les paniers prendre une ampleur considérable et les robes de cour atteignent plusieurs mètres de large dans les années 1750.

Ils sont réalisés avec du tissu en lin blanc ou écru et composés de baleines en osier.

Leur fonction est de faire tomber en cascade autour des hanches et du fessier les pans de tissus de la robe, donnant ainsi une impression de profusion et de richesse.

Les bas

Dès le XVIème siècle, les bas sont faits à partir de draps, de lin, de laine, ou encore de soie tissée pour les plus riches. Vers 1550, ils apparaissent aussi en tricot de maille fine (de laine ou de soie). Ils remontent jusqu’à mi-cuisse et sont retenus par une jarretière.

Les pantaloons ou pantalettes

Ce sont des sortes de bas qui partent des chevilles et montent jusqu’aux hanches, noués dans le dos, portés par les femmes (nobles vraisemblablement) sous les jupons. On peut les appeler « culotte » en français, et leur fonction se résume à tenir chaud. A l’époque ils étaient ouverts au niveau de l’entre-jambe (dans un souci d’hygiène notamment). Ce n’est qu’au XIXème siècle qu’ils seront fermés à l’avant par des boutons.

Attention, ils étaient très rarement portés.

Les jupons

A cette époque, les femmes portaient au minimum deux jupons, mais parfois plus en fonction de la température et du rang social. Les premières couches étaient faites de lin, et étaient plus courtes que le jupon porté par-dessus qui tombait grosso modo au-dessus de la cheville.

Les jupons sont ouverts par deux fentes sur le côté qui donnent accès aux poches. On les enfile l’un après l’autre, et on noue à chaque fois une première ceinture sur le ventre, puis une seconde dans le dos (ou à nouveau sur le ventre) pour les maintenir en place.

Le premier jupon pouvait se porter sur le corset mais aussi sous le corset, comme modesty petticoat (ou jupon de pudeur).

Voici un exemple de jupon de la première moitié du XVIIIème siècle exposé au Victoria and Albert museum de Londres (fiche technique détaillée du vêtement en anglais) :

Les poches

En forme de cloche, elles se nouent au corset. On y accède par les fentes latérales des jupons. Bien que cachées, elles étaient agrémentées de broderies pour les femmes les plus nobles.

Et comment cela se passe-t-il dans les garde-robes de nos femmes ?

Quelques femmes de Saor Alba vous invitent à passer derrière leur paravent pour vous présenter leurs dessous et parler de leur ouvrage !

Maureen

Maureen nous présente une chemise blanche en lin arrivant au niveau du genou et des coudes. Par dessus est mis un corset modèle 1730 composé de trois pièces en lin écru et baleines en osier avec la pièce d’estomac séparée du reste du corset. Sont ensuite noués des paniers poches écrus à arceaux métalliques. Enfin, un premier jupon en lin écru arrivant à mi-mollet vient s’ajouter. Il est d’abord lacé devant puis derrière.

chemise, corset et poches, lin, ca. 1730
chemise, corset et poches, lin, ca. 1730
chemise, corset et jupon, lin, ca. 1730
chemise, corset et jupon, lin, ca. 1730

Neilina

Neilina a réalisé un corset modèle 1740-1780 avec de la toile de Jouy en coton (motif apparu en 1760) placé sur une chemise en lin blanc. Un foulard en soie blanc agrémente la tenue afin de masquer la naissance de la poitrine.

 

Bonus : vidéo du musée national de Liverpool sur l’art de se vêtir au XVIIIème siècle. Attention, les bas présentés dans la vidéo ne sont pas un modèle XVIIIème.

 

Sources