la croix de Saint André, le drapeau de l'Écosse
Le drapeau de l’Écosse serait le plus vieux drapeau national encore en usage… on l’appelle la croix de Saint André ou The Saltire (le sautoir).
En héraldique, ce drapeau est blasonné d’azur, au sautoir d’argent.
André (Andreas en grec) est un Juif de Galilée, frère de saint Pierre, et le premier des apôtres à connaître Jésus-Christ, aussitôt après son baptême sur les bords du Jourdain.
André servit souvent d’intermédiaire. Il présenta notamment son frère Simon à Jésus ; puis, lors de l’épisode de la multiplication, il amena le jeune garçon portant les cinq pains et les deux poissons ; lorsque des Grecs voulurent rencontrer Jésus, c’est encore à lui qu’ils s’adressèrent.
Après la Pentecôte, il partit prêcher l’Évangile, au cours d’un long voyage tout autour des côtes de la mer Noire. Ses voyages finirent par l’amener en Achaïe (région au nord du Péloponnèse), où il finit crucifié sous l’empereur Néron, à Patras en l’an 60. Il est dit que son supplice fut ordonné par le proconsul de la région, dont saint André avait converti l’épouse et qui lui avait offert l’alternative suivante : sacrifier aux idoles ou mourir sur la croix. Ayant choisi le martyre, l’apôtre survécut pendant deux jours, durant lesquels il prêcha à la foule, qui s’indigna et menaça le proconsul de mort. Celui-ci chercha donc à le faire descendre de la croix, mais on ne put le délier et le saint mourut dans une grande lumière.
Selon la tradition, sous l’empereur Néron, la croix sur laquelle saint André a été supplicié était en forme de « X », la « crux decussata », ce qui a donné le nom de « croix de saint André ».
En fait, cette tradition ne s’appuie sur aucun texte. Ce crucifiement sur une croix transverse a pu être imaginé en pendant à celle de Pierre, son frère, crucifié la tête en bas sur une croix droite.
St Kessoc était le saint patron de l’Écosse avant l’adoption de St André. Saint Kessog, également connu sous le nom de Saint Kessoc ou MacKessog, est né aux environs de 460 et serait mort le 10 mars 520, bien qu’il y ait un doute sur ces dates. Certaines sources situent la date de son décès au 10 mars 560, ce qui signifierait que son année de naissance devrait également être postérieure à 460. La majorité des historiens s’accordent sur les dates de 460-520.
Kessog est né dans la famille royale de Munster en Irlande et s’est fait un nom en tant que missionnaire en Écosse. Kessog était le fils du roi de Cashel et a commencé sa vie religieuse alors qu’il était encore en Irlande. On raconte qu’un accident de natation lorsqu’il était enfant a entraîné la mort des fils d’un certain nombre de princes visitant Cashel. Kessog les a ramenés à la vie et a évité une guerre en passant une nuit en prière. Il a ensuite été éduqué dans un monastère par St Patrick et St Machaloi avant de partir pour l’Ecosse…
St Kessog fût principalement actif dans l’ouest et le centre de l’Écosse, après avoir établi un monastère sur l’île d’Inchtavannach (l’île de Monk) du côté ouest du Loch Lomond. Il fût également actif dans le sud du Perthshire.
Il a été attaqué et tué à Bandry, sur la rive ouest du Loch Lomond surplombant Inchtavannach, l’endroit est signalé par le Cairn de St Kessog.
Les raisons de son meurtre ne sont pas claires. Kessog a été enterré sur la rive ouest du Loch Lomond, et les herbes qui ont grandi autour de sa tombe ont conduit à ce que l’endroit devienne Luss (gaélique pour « endroit avec des herbes »). St Kessog était largement vénéré à l’époque médiévale.
Les troupes de Robert le Bruce ont utilisé « Blessed Kessog » comme un cri de guerre pendant les guerres d’indépendance, et il a été considéré comme le saint patron de l’Écosse jusqu’à ce que Saint André ait repris le rôle.
On se souvient de St Kessog au nom d’un certain nombre d’églises, y compris l’église St Kessog à Luss, dans laquelle il y a une effigie du saint. Les anciennes églises paroissiales de Comrie, Callander et Auchterarder portent également le nom de St Kessog, tout comme un peu plus loin les villages de North Kessock et South Kessock près d’Inverness. Il s’ensuit que le pont de Kessock, et avant lui le ferry de Kessock, sont / ont été nommés d’après St Kessog, tout comme le champ pétrolier de Kessog en mer du Nord.
La légende
Selon la légende, le roi picte Óengus II mena une armée composée de Pictes et de Scots contre les Angles dirigés par le roi Athelstan. Les Scots étaient dirigés par Eochaidh Mac Etsin, roi de Dalriada et grand père de Kenneth Mac Alpin.
Óengus était en sévère infériorité numérique et il se mit à prier pour leur délivrance, jurant que s’il était victorieux, il ferait d’André le saint patron de l’Écosse.
Le lendemain matin, une croix blanche formée par les nuages apparu dans un ciel bleu. Interprété comme une intervention divine, les Pictes et les Scots sont galvanisés et, malgré leur infériorité numérique, remportent la victoire. Honorant son vœu la veille de la bataille, Óengus fait alors de Saint André le patron de son royaume d’Alba. Quand Kenneth Mac Alpin (810 – 858), qui a possiblement pu participer à la bataille avec son grand père, unifie les royaumes des Scots et des Pictes et crée ainsi l’Écosse, André devient le saint patron du royaume.
C’est très probablement cette légende qui servit de base pour que le sautoir blanc sur fond azur devienne le drapeau de l’Écosse.
Dans l'Histoire
XIIIe siècle
On retrouve la trace de la croix de Saint André utilisée comme symbole national dans les sceaux des gardiens de l’Écosse en 1286 mais l’usage en tant que drapeau national est plus tardif.
De 1286 à 1292, en l’absence d’un monarque, l’Écosse est gouvernée par les gardiens de l’Écosse. Un nouveau sceau était nécessaire pour authentifier les lettres et documents officiels. Ils ne pouvaient pas se représenter par l’image d’un roi ou d’une reine ou utiliser le lion rampant qui est un symbole royal. Ils ont donc décidé d’utiliser l’image de Saint André. Le seau comporte l’inscription en latin « Andrea Scotis dux esto compatriotis » pouvant se traduire par « qu’André soit le guide des compatriotes scots »
XIVe siècle
La déclaration d’Arbroath, rédigée en 1320, nomme très officiellement Saint André comme saint patron de l’Écosse.
En 1385, le parlement d’Écosse préconise que les soldats écossais stationnés en France doivent porter le sautoir blanc comme marque distinctive sur le devant et l’arrière de leur tenue.
En 1388, James Douglas, comte de Douglas, mène l’armée écossaise contre l’armée anglaise à la bataille d’Otterburn. Sa bannière comporte une croix de Saint André (sur fond vert).
XVe et XVIe siècle
À la fin du XVe siècle, on retrouve plusieurs références à des drapeaux arborant la croix de Saint André mais les références ne sont pas assez claires pour déterminer si la croix de Saint André est seule sur le drapeau ou non.
Le « Blue Blanket » est le nom de la bannière des commerçants d’Édimbourg. Cette bannière aurait été fabriquée par Margaret, la femme de James III (1451-1488)
C’est au XVIe que l’on retrouve les premières traces avérées de drapeaux arborant uniquement la croix de Saint André.
En 1503, dans le livre des heures de Vienne, il est mentionné un drapeau à la croix de Saint André avec un fond rouge. Il semble qu’à cette époque, le fond n’était pas obligatoirement bleu.
En 1512, on retrouve dans les livres de compte du Lord grand trésorier d’Écosse une commande de laine bleue pour des drapeaux d’un navire « avec la croix de St André au milieu ».
Le navire porte étendard de la marine écossaise de James IV, le Great Michael, construit en 1511, comporte au moins 3 drapeaux avec la croix de Saint André sur fond bleu.
Il semble donc que c’est au début du XVIe siècle que le drapeau au sautoir d’argent sur fond azur est définitivement adopté par l’Écosse en tant que drapeau national.
Et après ?
C’est en 1606 que James VI et I combine le drapeau de l’Écosse et celui de l’Angleterre afin de créer le premier « Union Flag », le drapeau britannique.
En 1707, l’acte d’union confirme ce nouveau drapeau.
En 1801, l’Union Flag, ou Union Jack, adopte sa forme actuelle. Il est ainsi composé de la Croix de Saint André pour l’Écosse, la croix de Saint George pour l’Angleterre et la croix de Saint Patrick pour l’Irlande.
Toutefois, c’est bien la croix de Saint André qui flotte sur tous les bâtiments officiels tous les jours (sauf quelques exceptions commémoratives) encore aujourd’hui.
Sources
- Bartram, Graham (2001) – The Story of Scotland’s Flags (pdf)
- historic-uk.com – The Two Flags of Scotland (site consulté en novembre 2017)
- Wikipedia – Flag of Scotland (site consulté en novembre 2017)
- Scottish Archives for Schools – The succession crisis (site consulté en novembre 2017)
- Scottish Government – Flag flying guidance 2017 (site consulté en novembre 2017)
- Edimburgh Trades – The Blue Blanket (site consulté en novembre 2017)
- Undiscovered Scotland – Saint Kessog (site consulté en mars 2020)