La bataille de Verneuil sur Avre
C’est un 17 Août, en 1424, qu’eut lieu en pleine guerre de Cent Ans, la bataille de Verneuil sur Avre, en Normandie.
Les forces en présence sont énormes pour l’époque : près de 15 000 soldats pour les franco-écossais et une force équivalente pour les anglo-bourguignons. C’est une défaite majeure pour les forces franco-écossaises… Certains historiens appellent d’ailleurs cette bataille “le second Azincourt”…
Contexte historique
Faisant suite à l’assassinat de Jean Sans peur à Monterau, la 10 Septembre 1419, les Bourguignons s’allient au Forces du Roi d’Angleterre, Henry VI, ce qui permet à ce dernier d’envisager d’achever la conquête du Royaume de France. Un partisan du futur Charles VII s’empare par surprise du château d’Ivry-la-Bataille (dans l’Eure-27) ce qui entraine, en réaction, un siège anglais. Les assiégés proposent de se rendre le 15 août 1424 si aucun secours ne leur parvient.
L’armée de Charles VII, constituée d’un fort détachement d’Écossais, se réunit à Châteaudun (Eure et Loire – 28) avant de se mettre en route pour les secourir. Mais face à une trop forte concentration d’Anglais autour de l’objectif, les Français décident de se détourner d’Ivry-la-Bataille. Afin de prendre un village proche de Verneuil, des archers écossais se déguisent en archers anglais. Jean de Lancastre, Duc de Bedford, donne alors l’ordre de marcher sur Verneuil. Après quelques parlementations, les troupes franco-écossaises décident de livrer bataille plutôt que de de subir un siège.
Forces en présence
Déroulement de la bataille
Le témoignage de Wavrin du Forestel, qui participe du côté anglais, nous apprend que la bataille de Verneuil sur Avre est beaucoup plus acharnée et disputée qu’Azincourt, en raison de la présence massive du côté français d’archers écossais, au tir aussi meurtrier que celui des archers anglais.
Après de longues heures de manœuvres, puis d’attente et d’observation, les archers anglais décident de provoquer les Français. Cependant, ces derniers chargent avant que les archers aient pu se fixer sur leurs nouvelles positions, faisant voler en éclats l’aile droite anglaise.
Les Français tentent une manœuvre d’encerclement en envoyant des chevaliers lombards et gascons sur les arrières des troupes anglaises, mais ceux-ci ont protégé leurs arrières en formant une barrière avec leurs chevaux, que gardent 2000 archers, et leurs flancs avec des chariots. C’est probablement à cette occasion que se déroula le massacre des pages anglais attribué par Shakespeare à la bataille d’Azincourt.
Pendant que Lombards et Gascons sont accueillis par des volées de flèches, les archers des deux camps commencent à tirer, les centres engageant le combat. Puis les ailes en viennent aux mains.
Après 3/4 d’heures d’un combat d’archerie très meurtrier de part et d’autre, mais indécis, la victoire penche du côté anglais quand un contingent anglais de troupes mises en réserve se jette dans la bataille et perce l’aile gauche française, qui est épuisée. Les Français battent en retraite tandis que les Écossais tiennent leur position et se font encercler. Les anglais, cherchant à venger leurs morts de la bataille de Baugé de 1421 vont alors littéralement les massacrer.
Il y aurait eu 6000 tués et 200 prisonniers du côté français, 1600 morts du côté anglais. Le contingent écossais qui devait rassembler 4000 hommes semble avoir été pratiquement anéanti avec ses chefs. John Stuart, connétable de France et comte de Buchan ainsi qu’Archibald Douglas, 4e comte Douglas sont morts lors de la bataille. Il reste toutefois au moins 400 Écossais, qui seront tués pendant la bataille des harengs.
Les principaux chefs français sont tués, comme le vicomte de Narbonne (dont le corps sera écartelé avant d’être pendu au gibet pour sa participation à l’assassinat de Jean Sans Peur 5 Ans plus tôt), les comtes d’Aumale, de Tonnerre et de Ventadour, ou capturés, comme le duc d’Alençon, le maréchal de la Fayette, le sire de Gaucourt.
Les pertes anglaises représentent, comme souvent, le chiffres des nobles tués et pas ceux des archers. Les pertes anglaises sont suffisamment cruelles en tout cas pour que le duc de Bedford interdise toute réjouissance.
Conséquences
Il n’y a plus d’armée française digne de ce nom au soir de la bataille de Verneuil sur Avre, ce qui fait que le roi Charles VII sera prêt à toutes les concessions pour obtenir le renfort de l’armée bretonne et confiera la charge de connétable (qui était celle de John Stuart) au comte de Richemont.
Une remise en question est faite sur les Capitaines étrangers alliés au Dauphin de France. Certains vont jusqu’à se féliciter de la défaite écossaise. Certains iront même jusqu’à célébrer la victoire anglaise. Le Trésor Royal est vide et le pays est plus que jamais divisé.
La Normandie tombe aux mains des Anglais et leur avancée ne sera stoppée qu’à Orléans, 5 ans plus tard, en 1429.
Sources
Auteurs de cet article : Olivier Bouzy, Niko Magnus, Adrien Martineau
- Entretien avec Olivier Bouzy, Responsable scientifique du Centre Jeanne d’Arc d’Orléans (réalisé en aout 2017)
- DUPONT, Anchiennes chroniques d’Engleterre, par Jean de Wavrin seigneur de Forestel, Paris, 1863, t. I
- J. A. BUCHON, Chroniques d’Enguerrand de Monstrelet, t. VIII
- François MORAND, Chronique de Jean le Fèvre, seigneur de Saint-Rémy, Paris, 1881, t. II
- Wikipédia – Bataille de Verneuil (1424) – [page consultée en aout 2017]
- A la découverte de l’Histoire de France – Le désastre de Verneuil sur Avre – [page consultée en aout 2017]