Jacques François Stuart, un catholique en terre protestante
Le prince Jacques François Stuart (James Francis Edward), dit le « Vieux Prétendant », est né le 10 juin 1688 au palais St James, à Londres. Il est le fils de Jacques II d’Angleterre et d’Irlande (Jacques VII d’Écosse – 1633-1701) et de Marie de Modène, seconde épouse du roi (1658-1718).
La naissance du prince était controversée et, cinq ans après la dernière grossesse de sa mère, non prévue par un certain nombre de protestants britanniques qui s’attendaient à ce que sa sœur Marie, issue du premier mariage de son père, succède à leur père. Marie et sa sœur cadette, la princesse Anne, avaient été élevées comme protestantes mais pas Jacques François, qui avait été élevé en catholique. Tant qu’il y avait une possibilité que Marie ou Anne succède à Jacques II, les adversaires du roi voyaient son règne comme un inconvénient temporaire. Lorsque les protestants ont commencé à craindre que la deuxième épouse de Jacques, Marie, accouche d’un fils et héritier catholique, un mouvement s’est développé pour le remplacer par sa fille aînée, la princesse Marie et son gendre, Guillaume d’Orange.
Quand Jacques François est né, en 1688, des rumeurs ont immédiatement commencé à se répandre selon lesquelles il était un bébé imposteur, introduit clandestinement dans la chambre de naissance royale dans une poêle chauffante et que l’enfant réel de Jacques et Marie de Modène était mort-né. Dans une tentative de réfutation cette rumeur, Jacques a publié les témoignages de plus de soixante-dix témoins de la naissance. Cette histoire présageait mal de la suite des évènements…
La fuite en France
Jacques II perd son trône à la suite de la Glorieuse Révolution de 1688 et se réfugie alors en France. Pour l’anecdote, Marie de Modène s’est déguisée en blanchisseuse pour faciliter la fuite. C’est alors Marie, fille aînée de Jacques II et demi-sœur de Jacques François, qui devient reine sous le titre de Marie II d’Angleterre avec son époux Guillaume d’Orange.
À la mort de Jacques II d’Angleterre, Jacques François reprend les revendications de son père. Il fut d’ailleurs proclamé par ses soutiens roi «Jacques III d’Angleterre et d’Irlande et VIII d’Écosse» le 16 septembre 1701 au château de Saint-Germain-en-Laye où il était réfugié avec sa cour, composée principalement d’Écossais et d’Anglais catholiques et légitimistes, mais il ne parvint jamais à régner. À l’échelle européenne, la plupart des pays avaient reconnu Guillaume III et Marie II d’Angleterre comme seuls souverains légitimes ; seuls l’Espagne, Modène, le Saint-Siège et la France jusqu’au traité de Ryswick (1697) soutenaient les prétentions de Jacques François Stuart.
Soutenu par Louis XIV, il participe à la campagne de Flandres en 1708-1709 (bataille de Malplaquet, aux côtés des petits-fils du roi). La France tente d’organiser son débarquement en Écosse pour soulever le pays en sa faveur mais une tentative en 1708 ne lui permet même pas de débarquer. Le traité d’Utrecht en 1713 engage le roi de France Louis XIV à reconnaître la loi de succession anglaise et à ne plus soutenir de solution alternative, notamment les revendications jacobites. Il refuse la présence de Jacques François Stuart en France. Celui-ci trouve alors refuge, en février 1713, à Bar-le-Duc capitale du Barrois, auprès du duc de Lorraine Léopold Ier et de ses parents, au château de Lunéville et à Commercy.
La révolte de 1715
En 1715, souhaitant profiter du mécontentement que suscite, après la mort de la reine Anne, dernière reine Stuart et autre demi-sœur de Jacques François, l’avènement de George Ier de Hanovre sur les trônes britannique et irlandais, les jacobites tentent un nouveau soulèvement avec le soutien de Henry Bolingbroke.
Cette tentative, connue sous le nom de The Fifteen dans l’histoire britannique, est financée par l’Espagne et bénéficie du soutien français à défaut d’une aide officielle, mais lorsque Jacques François Stuart débarque en Écosse au nord d’Aberdeen le 22 décembre 1715, il découvre que l’armée levée par le comte de Mar, John Erskine s’est en grande partie dispersée à la suite de la bataille de Sheriffmuir le 13 novembre.
Malade et peu sûr de lui, Jacques François Stuart fuit à nouveau devant l’arrivée d’une armée britannique commandée par le duc d’Argyll alors qu’il préparait son couronnement comme roi d’Écosse : il rembarque pour la France le 4 février 1716.
Après cet échec, le «Vieux Prétendant» – ainsi qu’il est souvent désigné par l’historiographie whig, pour le distinguer du «Jeune Prétendant», son fils Charles Édouard Stuart – doit quitter son refuge lorrain car une pression diplomatique s’exerce sur le duc Léopold. Jacques François Stuart trouve refuge à Rome en 1717, où le pape le loge au Palais Muti et lui offre une pension jusqu’à sa mort.
La révolte de 1719
En 1719, une nouvelle tentative pour le restaurer, soutenue par l’Espagne, échoue : la flotte qui devait l’emmener est dispersée et détruite par une tempête au large du cap Finisterre (Espagne) tandis qu’en Écosse, une armée jacobite est écrasée durant la bataille de Glen Shiel, le 10 juin 1719.
Cet épisode, baptisé The Nineteen est la dernière tentative de Jacques François Stuart de devenir roi. Son fils Charles Édouard Stuart sera à la tête de la toute dernière tentative en 1745-1746, en tant que représentant de son père, sans plus de succès.
Fin de vie
Jacques meurt le 1er janvier 1766 au Palais Muti, à Rome. Il est enterré dans la crypte de la Basilique st Pierre dans la cité du Vatican.
Sources
- BARTHORP Michael – The Jacobite Rebellions 1689–1745 – Ed.Osprey, 1982
- REID Stuart – Highland Clansman 1689 – 1746 – Ed. Osprey, 1997
- Wikipédia – Jacques François Stuart – [page consultée en Novembre 2015]