La Highland Dress, c'est quoi ?
Certains jacobites portaient ce que l’on appelle la “Highland dress”. Cette tenue traditionnelle des Highlands est d’ailleurs devenue un véritable étendard politique de la rébellion jacobite ayant eu lieu entre 1689 et 1746, et plus particulièrement lors de la révolte de 1745. Il est à noter toutefois que la Highland dress est une tenue traditionnelle régionale et donc portée par les habitants des Highlands, quelle que soit leur appartenance politique. De même, Beaucoup de Highlanders ne portaient pas la Highland dress mais étaient vêtus à la mode de l’époque.
Ci-dessous, les deux représentations les plus anciennes de Highland dress actuellement connues.
Examinons plus en détail ce costume du XVII/XVIIIe siècle, du bas vers le haut.
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Les Chaussures
Il existe plusieurs types de chaussures à cette époque : les brogues, les chaussures à lacets et les chaussures à boucles.
Les chaussures sont bien évidemment un marqueur d’appartenance sociale. Ainsi, les brogues sont plutôt réservées à des gens du peuple. Les soldats réguliers ainsi que les guerriers claniques semblent porter des chaussures à lacets ou à boucles. Les chaussures à lacets sont les modèles les plus largement répandus au XVIIIème siècle, en Écosse. Les chaussures à boucles sont quant à elles moins courantes et témoignent d’une classe sociale plus aisée, même si des iconographies montrent des soldats de l’armée régulière porter des chaussures à boucle simples. Le type de boucle est lui aussi un marqueur social, les boucles ouvragées étant réservées aux personnes de haute classe sociale.
Les bottes ne sont mises que si l’on porte des trews et plus généralement sont réservées aux cavaliers (voir plus bas). Ainsi, même quand l’on porte des trews, on ne porte pas forcément de bottes, leur usage est exclusivement réservé à l’équitation. Contrairement à ce que l’on voit systématiquement dans les films et séries télévisées, aucune iconographie existante ne montre de bottes portées avec un grand kilt.
Il est également à noter que beaucoup de highlanders sont pieds nus quelle que soit la météo. Plusieurs témoignages au XVIIIe siècle rapportent des femmes et des enfants allant à la rivière par temps neigeux en étant nus pieds.
Les Chaussettes
Appelées hoses en anglais, elles peuvent remonter jusqu’en haut des cuisses et sont communément roulées jusqu’en dessous du genou. Ce n’est qu’en cas de temps très froid qu’elles sont remontées jusqu’en haut des cuisses. Elles sont en tartan et généralement d’une couleur qui tranche avec les autres tartans portés sur soi. On remarque sur les iconographies que les hoses sont souvent à dominante rouge et blanche. Néanmoins, certaines sources montrent que le tartan peut être d’une couleur proche de celui du tartan du belted plaid voire identique.
Le lien en dessous du genou, appelé jarretière, est très souvent d’une couleur qui tranche avec celle des chaussettes.
La jarretière, garter en anglais, est un simple morceau de tissu pour les classes les moins aisées. Comme tout élément de costume, les garters peuvent devenir un marqueur de rang social. Ainsi, les hommes plus riches en ont fait un étendard politique en faisant tisser des messages jacobites sur du fil de soie.
Les Trews
Portées près du corps, ce sont des braies longues mais elles peuvent également être très proches des chausses à plein fond (mais sans la poche avant). Les trews sont très courantes au XVIIIe siècle. Bien que moins emblématiques, elles sont utilisées au moins aussi souvent que le belted plaid et font partie de la Highland dress traditionnelle. Tout comme pour les chaussettes, il y a une jarretière en dessous du genou et qui est très souvent d’une couleur qui tranche avec celle des chaussettes.
Ce gilet appartenait au Prince Charles Édouard Stuart et a été laissé à la “Fassifern House” lors de la marche vers Glenfinnan en 1745. Les trews auraient également appartenues au prince.
C’est en tout cas une parfaite illustration de ce que sont les trews au XVIIIe siècle : des sortes de chausses cousues entre elles et portées très au dessus des hanches.
Focus sur des pièces particulières
Le texte qui suit est une traduction de l’analyse de Peter MacDonald, historien du tartan, à propos d’une peinture datée de 1668 – 1670 par l’artiste
Il n’est pas courant de tomber sur une description ancienne de la Highland dress qui n’ait pas déjà été longuement débattue. Le portrait de 1668 – 1670 de John Lacy, un fameux acteur anglais jouant le rôle de Sauny l’Écossais en est une parfaite illustration.
Bien que Lacy n’a probablement jamais visité les Highlands, la manière dont est disposé l’habit suggère que lui, ou l’artiste John Michael Wright, a eu accès a des personnes, des images ou des descriptions ayant permis à Wright d’exécuter une bonne représentation de la tenue d’un gentleman des Highlands de la fin du XVIIe siècle.
Tout comme le rôle dans Sauny l’Écossais, Lacy porte un doublet à crêpures avec des treks et ce qui semble être un belted plaid (grand kilt) dans le même tartan que les trews. L’inclusion de ce qui ressemble à un motif de liseré en haut et en bas du plaid indique que ce détail pourrait être copié d’un vêtement existant plutôt que d’être une invention de l’artiste. Les motifs de liseré étaient une particularité des habits tissés dans la campagne des Highlands ce qui peut signifier que ce plaid aurait été tissé dans les Highlands plutôt qu’un plaid tissé localement pour les besoins du costume.
C’est un remarquable exemple d’un style de Highland dress du XVIIe siècle tardif dont il n’existe que peu de descriptions.
Sources :
Lien vers l’article de Peter MacDonald sur Facebook
Lien vers la peinture dans le Royal Collection Trust
Sir John Hynde Cotton (1686 – 1752) était un baron anglais fervet supporter de la cause jacobite. Il se fit fabriquer cette Highland Dress en Écosse et la porta en Angleterre pour montrer son opinion politique. Cette tenue date très précisément de 1744, lors de sa visite en Écosse et est l’un des rares exemples de tenue complète parfaitement conservée.
Le Belted Plaid
Probablement la pièce de vêtement la plus emblématique de la highland dress, le belted plaid est une simple étoffe de tissu de laine la plupart du temps au motif tartan qui mesure de 4 à 6 mètres de long sur environ 140cm de largeur.
Au XVIIIe siècle, les métiers à tisser produisent des tissus mesurant environ 70cm de large, le belted plaid est donc à l’époque composé de deux morceaux cousus ensemble. Le belted plaid peut mesurer plus de 6m de long tout dépend de la carrure et de la classe sociale de son propriétaire… mais selon toute vraisemblance, la plupart des belted plaids mesuraient environ 4,5m de long. La couleur du tartan peut être sombre mais les analyses scientifiques actuelles nous ont démontrées que les couleurs des tartans peuvent être très brillantes et vives. La plupart des iconographies retrouvées montrent des tartans de couleur rouge… Il semble ainsi que le rouge était très répandu et que la qualité du tissu, de sa teinte et de son éclat puisse déterminer votre classe sociale. Dans tous les cas, au XVIIIe siècle, le motif du tartan ne détermine pas votre appartenance à un clan. Ce système de classification est beaucoup plus tardif et date des environs de 1840.
Au niveau de la largeur du tissu, le highlander porte soit un grand kilt (féileadh-mór) dont la largeur est d’environ 140cm, soit un petit kilt (féileadh-beg) dont la largeur est d’environ 70cm.
Dans les deux cas, la technique pour le mettre est la même : on plisse le tartan et c’est la ceinture qui tient le tissu au niveau des hanches. Le terme plisser est d’ailleurs quelque peu exagéré, la plupart du temps, ce ne sont pas de vrais plis bien nets qui forment le kilt, petit ou grand mais plutôt du tissu rassemblé.
Il semble que dans le cas du féileadh-mór, la plupart du temps, le plaid restant soit mis à la ceinture et n’est que rarement relié sur le devant. Un bout de plaid se porte régulièrement à l’épaule gauche. (voir la partie sur la veste)
Bonus Vidéo sur le féileadh-mór
Voilà quelques vidéos auxquelles Saor Alba a participé en apportant des sources historiques.
C’est un beau condensé de recherches à visionner absolument.
Le small kilt ou philabeg
Attesté depuis 1728 et peut-être plus ancien, le petit kilt, le fèileadh beag en gaélique (anglicisé en filibeg ou philabeg) est l’ancêtre du kilt moderne. Il consiste en une pièce de tartan d’environ 70cm dans la hauteur etde probablement environ 3 mètres minimum. Sa construction exacte, au XVIIIe siècle, reste à ce jour inconnue. Il existe très peu d’iconographies de fèileadh beag et nous ne disposons malheureusement d’aucune pièce muséale.
Nous ne savons donc absolument pas si les plis de ce kilt étaient cousus ou s’il comportait des passants de ceinture afin de pouvoir le mettre plus facilement. Il devait probablement, tout comme les trews, se porter assez haut, au dessus des hanches, mais nous sommes ici dans le domaine de l’hypothèse.
Le Sporran
Le sporran est un accessoire essentiel de la Highland dress. En effet, les trews ou le belted plaid n’ont aucune poche. Il semble que deux types de sporran existent. Ceux intégralement en cuir et ceux possédant un fermoir (appelé cantle) en métal.
Les sporrans en cuir sont de grosses bourses en cuir. Les iconographies ainsi que les pièces muséales nous montrent que ces sporrans possèdent un rabat en cuir qui ferme la bourse sur la partie supérieure.
Pour les sporrans avec une partie métallique, l’ensemble des cantles retrouvés sont en laiton. Même si très semblable aux sporrans modernes, ce cantle est très différent puisqu’il est un système de fermeture complet (contrairement aux cantles modernes qui ne sont que la partie avant du sporran).
Il semble que les sporrans avec cantles soient plutôt réservés aux gentlemen (officiers, officiers supérieurs, membres de la famille du chef d’un clan riche, bourgeois, guerriers d’un clan équipés par leur chef, etc.) ou aux unités régulières de highlanders se battant pour les hanovriens. Cela est probablement dû au coût possiblement élevé d’un te équipement. La très grande majorité des highlanders (y compris certains gentlemen) semble posséder des sporrans intégralement en cuir.
La Chemise
Une chemise XVIIIe siècle disposant d’un carré d’aisance au niveau des aisselles mais pouvant aussi avoir un col droit avec possiblement un ou plusieurs boutons (en bois, en os ou en tissu).
La chemise arrive environ à mi-cuisses et est en lin. Évidemment, les nobles ont des chemises beaucoup plus ouvragées avec possiblement un jabot.
Il semble que sur la fin du XVIIe siècle, certains highlanders portaient une chemise de couleur jaune pour aller au combat (très probablement un rappel traditionnel du léine) mais le standard de l’époque reste tout de même le lin de couleur écru.
En complément de le la chemise, on arbore quasi systématiquement un foulard blanc ou écru noué autour du cou.
Le Gilet
Un gilet XVIIIe siècle, d’ordinaire en tartan. Le motif de tartan est généralement différent de celui qui est porté en plaid et / ou en trews, mais reste le plus souvent dans les mêmes tons. À noter que l’arrière du gilet est très probablement en lin. En effet, l’arrière du gilet n’étant pas visible, il ne sert à rien de le confectionner dans un tissu cher. Certains modèles, pour les classes aisées, peuvent disposer d’un système de serrage.
La Veste
La veste de la highland dress est la plupart du temps en tartan (moitié XVIIIe) mais peut également être de couleur unie (plutôt début XVIIIe). Elle est en laine, doublée lin ou non. Tout dépend, bien sûr, de la classe sociale qui déterminera de la qualité du tissu mais aussi de la coupe plus ou moins simple de la veste.
Un bout de plaid se porte régulièrement à l’épaule gauche et est lié sur une épaulette spécialement dédiée à cet usage. Cette épaulette se situe légèrement en arrière de l’épaule gauche avec une boutonnière sur l’extérieur de l’épaule. L’autre épaulette est construite de la même manière à droite et accueille le baudrier.
Certaines vestes écossaises se caractérisent également par une ouverture au niveau de l’avant des manches. 3 boutons permettent au porteur d’ouvrir la manche afin de pouvoir éventuellement les retrousser.
Le béret
Le béret traditionnel écossais est en laine et généralement fait d’une seule pièce non cousue. C’est un cordon inséré à la base du béret qui assure le serrage. Le béret peut être de différentes couleurs. Traditionnellement, les hommes d’armes portent un béret de couleur bleue marine mais selon le grade ou le rang social, il est tout à fait possible d’utiliser d’autres tons.
- Civil : marron, gris, bleu marine et probablement toute autre teinte naturelle
- Soldat et sous-officier (et jeunes officiers) : bleu marine
- Officier supérieur (et / ou noble) : noir ou bleu marine
Cette hiérarchisation des couleurs est avant tout un constat basé sur l’étude des iconographies mais ne représente pas une règle. Il est ainsi tout à fait possible de voir un officier arborer un béret de couleur bleue marine. En revanche, le noir étant très onéreux, les hommes de troupe ne porteront pas de béret noir. Il est aussi à noter que les couleurs grises et marrons sont également très courantes.
Pour ce qui est des ornements sur le béret. Il n’existe que peu d’iconographie montrant un ornement sur le béret. Dans tous les cas, il semble que le badge végétal clanique, symbole d’appartenance à un clan, ne soit pas encore d’actualité au XVIIIe siècle sur les bérets.
Le béret se porte comme une casquette, son but est de protéger de la pluie comme du soleil. Il n’existe aucune iconographie où le béret est porté sur le côté. Il semble que porter le béret sur le côté soit beaucoup plus tardif et ne corresponde aucunement à la mode du XVIIIe siècle.
Les jacobites fidèles au prince Charles Édouard Stuart portent une cocarde blanche sur leur béret en opposition aux troupes régulières qui arborent la cocarde noire. C’est ce seul signe distinctif qui leur permet de se reconnaître lors des combats, en effet, les highlanders sont tous équipés de manière similaire. Les troupes régulières portent de manière usuelle mais possiblement non systématique la fameuse veste rouge de l’armée britannique.
Sources
Article mis à jour en avril 2020
Cet article se sert de multiples sources iconographiques et références, néanmoins, les principales sont les suivantes :
- Victorian & Albert Museum
- National Galleries of Scotland
- Peter MacDonald, tartan historian
- All The Pretty Dresses, 18th Century Men’s Shirt, site consulté en mars 2016
- BURT Edmond, Burt’s Letters from the north of Scotland, éd. Birlinn, 1998
- SCOTT Jenn, Better is the Proud Plaid, éd. Helion, 2018