Robert the bruce
Robert the Bruce est probablement l’un des rois écossais les plus connus et respecté. Il a clairement marqué l’Histoire de ce pays d’une empreinte indélébile. Voici son histoire.
Robert nait le 11 Juillet 1274 au château de Turnberry, dans les Lowlands, de l’union de Robert VI de Bruce (mort en 1304) et de Margaret de Carrick de Jure (morte en 1292).
Contexte historique
Alexandre III, alors roi d’Écosse, meurt à l’âge de 45 ans le 19 Mars 1286. La Seule personne pouvant alors prétendre au Trône du royaume est une petite fille âgée de seulement de 3 ans, Marguerite. Elle est la fille du roi de Norvège, Éric II, qui avait épousé la fille d’Alexandre III et est promise au fils du roi d’Angleterre, le futur Edouard II. Elle est également surnommée « la vierge de Norvège » par ses contemporains.
Au lieu de désigner un régent pour diriger l’Écosse, Six Custodes (Gardiens) sont nommés pour Administrer le pays. Deux évêques (William Fraser de St Andrews et Robert Wishart de Glasgow), deux Comtes (Duncan de Fife et Alexander Comyn de Buchan) et enfin Deux Barons (John Comyn de Badenoch et James Stewart).
Aux yeux de certains, il faut envisager une deuxième possibilité de succession, car l’héritière est très jeune et a une santé fragile. Elle meurt d’ailleurs en 1290 durant la traversée entre la Norvège et son futur royaume. Tout est à recommencer.
Le grand père de Robert the Bruce, Robert V, dit le « compétiteur » se lance dans la course à la succession. L’évêque St Andrews décide alors de faire appel à l’arbitrage du roi Édouard Ier d’Angleterre. À la suite de longues tractations, John Baliol est reconnu roi d’Écosse le 17 novembre 1292. Il est sacré le 30 novembre 1292, le jour de la Saint-André, à Scone.
Les Bruce considèrent Balliol comme un usurpateur. Robert V, alors âgé, cède son titre de comte de Carrick à son fils qui, lui même, le cède à son fils Robert (le futur roi). Il devient alors Robert VIIème comte de Carrick.
L’emplacement du château de Carrick
L’ascension vers le pouvoir
Robert se range du côté du roi d’Angleterre lors du règne de John Balliol. En 1295, Balliol décide de signer une alliance avec la France, l’Auld Alliance. En représailles, Édouard envahit l’Écosse. Balliol est forcé à l’abdication et est emprisonné dans la Tour de Londres. L’Angleterre prend possession du royaume d’Écosse.
Vers janvier 1296, Robert épouse sa première femme, Isabelle de Mar.
Une insurrection menée par William Wallace éclate dès mai 1297. Robert mène alors la révolte dans le Carrick mais il est vaincu à Irvine en juillet de la même année. Il obtient un pardon royal contre un serment d’allégeance.
En juillet 1298, Wallace subit une lourde défaite à la bataille de Falkirk et abandonne son titre de Gardien de l’Écosse. Robert Bruce et John III Comyn lui succèdent alors et deviennent gardiens conjoint d’Écosse. Comyn est le neveu de John Balliol et les deux hommes sont ennemis. La tension entre eux est telle que Robert Bruce renonce à sa charge en 1300.
En janvier 1302, Robert Bruce accepte « la Paix » proposée par le roi d’Angleterre et se soumet à lui. Peu après, vers le 16 février, il épouse en secondes noces Elisabeth de Burgh, une fille du comte d’Ulster. La paix conclue entre le royaume de France et l’Angleterre le 20 mai 1303 ayant exclu l’Écosse, la plupart des nobles écossais acceptent l’année suivante de se soumettre à Édouard Ier.
Le 11 juin 1304, Robert Bruce décide de faire valoir ses droits au trône d’Écosse.
Le 10 février 1306, lors d’une entrevue à Dumfries Robert the Bruce tue John Comyn qui est alors devenu son rival potentiel et qui, protestant contre la spoliation des droits de son parent John Balliol, refusait de lui apporter son soutien. Le meurtre est retentissant, notamment parce qu’il a lieu dans une église. Robert the Bruce sera d’ailleurs excommunié pour ce crime.
John III Comyn, seigneur de Badenoch et seigneur du Lochaber, connu également sous le nom de John le Rouge ou John Comyn le Jeune était un noble écossais.
un passif entre les deux hommes
John Comyn « le Jeune » et Robert Bruce, comte de Carrick, le futur roi, sont élus « gardiens de l’Écosse conjoints » à la fin de 1298. Il est possible que la tension entre John Comyn et Robert Bruce commence à cette époque du fait des prétentions de la famille Bruce à la couronne d’Écosse et de l’appui apporté à Jean Balliol par la famille Comyn.
Rivalité pour le trône
Suite à la mort de William Wallace en 1305, une vague d’indignation déferle sur le royaume d’Écosse, contre la suzeraineté du Roi Anglais Édouard Ier.
Robert The Bruce et John III de Comyn sont alors rivaux pour l’accession au trône. Ils concluent un accord secret stipulant que la couronne reviendrait à Bruce et qu’en échange, Comyn recevrait les terres personnelles de Robert… Mais John de Comyn ne respecte pas cet accord et trahit la confiance de Robert the Bruce en allant dévoiler leur accord au Roi d’Angleterre.
Le meurtre
Robert entre alors dans une colère noire, et c’est lors d’une entrevue houleuse entre Le Bruce et Comyn dans l’église Franciscaine de Dumfries, que Robert Bruce frappe John Comyn avec une dague. Ses hommes l’attaquent ensuite à l’épée. Robert Comyn, l’oncle de John, tente de le défendre mais est tué par Christopher Seton, le beau-frère de Bruce. Mortellement blessé, John Comyn est laissé pour mort à l’intérieur de l’église.
Conséquences
Des sources anglaises laissent entendre que le meurtre est un complot de Robert the Bruce pour gagner plus rapidement la couronne d’Écosse. Toute l’histoire du meurtre reste d’ailleurs assez trouble. Toujours est-il que le meurtre fait grand bruit autant en Écosse qu’en Angleterre et le fait qu’il ait été perpétré dans une église entraîne l’excommunication de Robert the Bruce.
En Écosse, Bruce détruit la base territoriale de la puissance de la famille Comyn dans le Nord pour s’assurer le royaume. Une guerre civile double alors le conflit anglo-écossais. Les vastes domaines de John III Comyn sont partagés entre les partisans du Bruce.
Édouard Ier ordonne à la femme de Comyn, Jeanne de Valence, d’envoyer le fils de John (John IV Comyn) en Angleterre à la garde de Sir John Weston, maître et gardien des enfants royaux. John Comyn IV sera tué lors de la bataille de Bannockburn, alors qu’il combat aux côtés d’Édouard II. Les Comyn de Badenoch y perdront également toute prétention au trône d’Écosse.
La reconquête du Royaume
Robert VII Bruce est couronné Roi d’Écosse le 25 Mars 1306 à Scone sous le nom de Robert 1er d’Écosse.
Son règne commence mal, des fidèles de Comyn s’opposent à lui. Il est défait en juin à la bataille de Methven et à Dail Righ en juillet. Bruce doit fuir et se cacher, il va même jusqu’à se faire passer pour mort.
Ses idées de reconquête et d’indépendance vis-à-vis de la couronne d’Angleterre renaissent à partir de 1307 lorsqu’il prend sa revanche sur les partisans de Comyn, notamment à la bataille de Loudoun Hill. De plus, Édouard 1er meurt en juillet. Robert se rend alors maître de presque tout le sud du Royaume et c’est à partir de l’automne 1308 que tout s’accélère, il est vainqueur dans le Galloway et en Argyll et en février 1309, il est enfin reconnu par le clergé comme Roi légitime malgré son excommunication.
À partir de 1310, Édouard II d’Angleterre décide d’envoyer une armée de plus de 4500 hommes en Écosse, où la situation militaire s’est très nettement dégradée pour les Anglais. Robert réagit et pratique des actions de guérilla. Il s’empare ainsi des places fortes de Perth, de Dumfries ainsi que de l’Ile de Man. Ses Alliés James Douglas et Thomas Randolph font tomber les forteresses de Roxburgh et d’Edimbourg. Robert arrive à unifier l’ensemble du royaume contre l’ennemi anglais. Tout cela pour aboutir à la victoire décisive contre les Anglais à la bataille de Bannockburn, le 24 Juin 1314, non-loin de Stirling qui vit la victoire la plus glorieuse de William Wallace, 17 ans auparavant.
La reconnaissance et l'indépendance
Sans héritier mâle, Robert désigne son frère Edouard à sa propre succession en 1315 au détriment de sa fille Marjorie. Cette dernière garde néanmoins ses droits à la couronne en cas de décès de l’héritier. Édouard est également fait roi d’Irlande cette même année.
En 1318, le pape Jean XXII place le royaume sous interdit et excommunie Robert. Le pape estime que le roi d’Écosse n’a pas respecté son hommage lige au roi d’Angleterre. En décembre de la même année, son frère Édouard meurt dans une bataille pour la succession du royaume d’Irlande. Robert n’a d’autre choix de que de nommer son petit fils Robert Stuart (fils de Marjorie) à sa sucession.
Le 6 avril 1320, la noblesse d’Écosse intervient auprès du pape Jean XXII dans le but de confirmer le statut de l’Écosse en tant que nation indépendante et souveraine. C’est la déclaration d’Arbroath. Le pape lève alors l’interdit frappant le royaume. Des pourparlers de paix avec l’Angleterre en mars/avril 1321 restent sans suite et en août-septembre 1322, Edouard II d’Angleterre mène sans succès sa dernière campagne contre l’Écosse. Robert Ier répond en conduisant en octobre des raids de représailles dans le nord du Yorkshire.
Une trêve avec l’Angleterre est finalement conclue le 30 mai 1323.
En 1324, le pape reconnait enfin la légitimité de Robert. Le 5 mars de la même année, la seconde épouse du roi Robert Ier, Élisabeth de Burgh, donne naissance à des jumeaux, David et John.
En 1326, le roi d’Écosse renouvelle l’Auld Alliance avec la France en signant le traité de Corbeil. Le 15 juillet, sans doute à la suite de la mort du fils du roi, John, un parlement spécialement réuni confirme que le fils de Robert I, David, est l’héritier légitime du trône et que son successeur sera Robert Stuart, fils de Marjorie et petit fils de Robert I.
En janvier 1327, Édouard II d’Angleterre se fait déposer. Son fils Edouard III se fait alors couronner. Pour répondre à un raid écossais contre Duhram, le 15 juin, il mène une expédition jusqu’à Allendale, en juillet. En août, Edouard III se retire à York. Les Écossais envahissent alors de nouveau le Northumberland en août et septembre 1327. Le conflit avec l’Angleterre s’achève par des négociations en octobre-novembre 1327 qui débouchent par la signature du traité d’Édimbourg-Northampton en mars 1328. Ce traité reconnaît l’indépendance de l’Écosse et le titre royal de Robert Bruce.
Robert the Bruce ayant accompli l’œuvre de sa vie, il meurt le 7 juin 1329, à l’âge de 55 ans. Certains disent qu’il était atteint de la lèpre. Il sera inhumé à l’abbaye de Dunfermline.
L’accord de paix dure 5 ans… et la Seconde Guerre d’Indépendance d’Écosse débute dès 1332 pour prendre fin en 1357 par une Écosse indépendante mais remplie de haine envers l’Angleterre.
La dynastie des Bruce s’éteint en 1371 et fait place à la dynastie des Stuart.
Bonus
La marche des soldats de Robert the Bruce.
La légende veut que ce morceau a été joué à Bannockburn, en 1314
mais aussi en France, en 1429, lors de l’entrée de Jeanne d’Arc dans la ville d’Orléans.
Reconstruction faciale de Robert the Bruce.
sources
- DUCHEIN Michel – Histoire de l’Écosse – Ed. Fayard, 2014
- Wikipédia, Robert 1er d’Écosse [page consultée en mars 2017]
- Wikipédia, Robert V Bruce [page consultée en mars 2017]
- Wikipédia, Robert VI Bruce [page consultée en mars 2017]
- Wikipédia, Marguerite d’Écosse [page consultée en mars 2017]
- Wikipédia, David II d’Écosse [page consultée en mars 2017]
- Wikipédia – Jean Balliol [page consultée en mars 2017]
- Harmsworth.net – 1306, the real Braveheart [page consultée en aout 2018]